Plus tôt cette année, Ford annonçait la fin de la production de ses modèles berlines, coupés et à hayon; toutes ses voitures sauf la Mustang. Fin novembre, c’est au tour du géant General Motors de sortir une nouvelle fracassante : l’arrêt de la production de ses modèles Chevrolet Impala, Chevrolet Volt, Buick LaCrosse, Chevrolet Sonic, Cadillac XTS et Cadillac CT6, et ce d’ici 2020. Je hasarde la question suivante : pourquoi le VUS et le multisegment dominent-ils à ce point le marché?
L’engouement du public pour un genre ou une catégorie de produit se passe très souvent d’explication. De fait, les modes, les tendances et les courants renvoient davantage aux considérations de style qu’aux attributs d’utilité et de praticité. Comme le dit l’adage, les goûts sont dans la nature. Qu’à cela ne tienne, il y a fort à parier que l’attrait du consommateur pour les VUS répond spécifiquement à des considérations de style. À cet effet, le VUS est probablement une tendance, une mode… Reste à savoir combien de temps elle durera.
Le roi de la jungle
L’un des attraits principaux du VUS est qu’il allie deux aspects qui n’étaient pas combinables il n’y a pas si longtemps : l’utilitaire et la commodité (ou confort, luxe). Cette combinaison donne au VUS le statut de roi de la jungle automobile. Ajoutez-y une assise en hauteur (et le « sentiment » de sécurité qui en découle), une habitabilité de bon aloi et (parfois) la transmission intégrale, et vous avez de quoi attirer une clientèle fort diversifiée : mères de famille, travailleurs de chantier, voyageurs, entraîneurs sportifs, chauffeurs de taxi et autres. Comble de la pluralité, certains VUS disposent d’un comportement routier digne d’une voiture sport, par exemple : Porsche Macan, Alfa Romeo Stelvio ou Audi SQ5.
Le premier VUS
Selon plusieurs spécialistes, le premier VUS de grande série est le Chevrolet Suburban. Lancé en 1934, le Suburban (qui s’appelait alors Caryall, qui signifie tout transporter) n’avait que deux portières latérales. Il faudra attendre 1961 pour voir le premier VUS à quatre portières : l’International Harverster TravelAll, lequel fut commercialisé jusqu’en 1975.
C’est en 1974, dans une publicité de Jeep pour la première génération de son Cherokee, qu’est apparue la désignation Sport Utility Vehicle, mieux connue sous le sigle VUS, dont il existe aujourd’hui plusieurs : VUS sous-compact, VUS compact, VUS intermédiaire, VUS pleine grandeur.
A-t-on réellement besoin d’un VUS?
L’auteur de ces lignes reconnaît le VUS comme un objet de liberté et d’exploration, nourrissant chez l’automobiliste une soif d’indépendance et d’autonomie. Cette soif, combinée aux possibilités pratiques et utilitaires du véhicule, procure une confiance et une conviction particulières. C’est cette confiance et cette conviction que les constructeurs cherchent à galvaniser, à enflammer auprès du consommateur. Hélas!, on oublie trop souvent qu’elles sont moins l’affaire du véhicule que de l’automobiliste. Pendant ce temps, les campagnes de marketing achèvent de convaincre la clientèle qu’ils ont besoin d’un VUS. Un expert dans ce domaine est Subaru, lequel nous a persuadés que la transmission intégrale est une chose indispensable.
Tout bien pesé
Le VUS continuera de promulguer audace, liberté et sécurité. Mais il ne serait pas étonnant qu’un jour la voiture – berline, coupé, familiale et à hayon – revienne en force et supplante le VUS. Plusieurs d’entre nous, conducteurs aguerris, amateurs d’automobiles, environnementalistes assumés, continueront de reconnaître que le poids excessif d’un véhicule est l’ennemi numéro 1 de la performance – inutile de préciser qu’un VUS est plus lourd qu’une berline. En outre, qui dit poids excessif dit maniabilité affaiblie, comportement moins réactif, distances de freinage allongées et consommation à la hausse.
Au final, il revient au consommateur de choisir un véhicule adapté à ses besoins et à son portefeuille, autant que possible en faisant fi des tendances et des modes.